Un double contrôle, chromatinien et transcriptionnel, permet une expression concertée d’effecteurs du champignon Leptosphaeria maculans au cours de l’infection du colza.

Une étude publiée dans the New Phytologist, réalisée dans le cadre de la thèse de Colin Clairet, sous la direction de Jessica Soyer et d’Isabelle Fudal au sein de l’unité BIOGER, a permis de caractériser la façon dont était contrôlée l’expression des effecteurs d’un champignon phytopathogène au cours de l’infection de sa plante hôte.

https://nph.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/nph.19581

Les effecteurs sont des molécules sécrétées par l’agent pathogène qui facilitent l’infection de sa plante hôte et l’établissement de la maladie. Ces effecteurs sont produits de façon concertée au cours de l’infection. Cependant, on sait peu de choses sur la manière dont l'expression des gènes codant ces effecteurs est régulée. Comme une partie de ces gènes sont localisés dans des régions riches en éléments répétés, le rôle du remodelage de la chromatine dans leur régulation a été récemment étudié, établissant notamment que la marque hétérochromatinienne H3K9me3 (trimethylation de la lysine 9 de l’histone 3), mise en place par la méthyltransférase KMT1, était impliquée dans le contrôle de l’expression d’effecteurs chez plusieurs champignons phytopathogènes. Cependant, cette régulation chromatinienne ne permettait pas, à elle seule, d’expliquer l’induction d’expression des effecteurs au moment de l’infection, suggérant qu'un second niveau de régulation, impliquant probablement un facteur de transcription spécifique, était nécessaire.

Chez Leptosphaeria maculans, un champignon de la famille des Dothideomycetes causant la nécrose du collet du colza, les chercheurs ont identifié l'orthologue de Pf2, un facteur de transcription appartenant à la famille Zn2Cys6 spécifique aux champignons, et décrit comme essentiel à la pathogénie et à l'expression des gènes codant des effecteurs. Les chercheurs ont étudié son rôle conjointement avec KMT1, en inactivant et en surexprimant LmPf2 dans une souche sauvage et dans un mutant inactivé pour KMT1. Les analyses fonctionnelles et transcriptomiques des transformants correspondants ont mis en évidence un rôle essentiel de LmPf2 dans l'établissement de la pathogénie et un effet majeur sur l'induction de l'expression des effecteurs une fois la répression exercée par KMT1 levée.

Ces résultats montrent, pour la première fois, l’implication d’un double contrôle dans l'expression des effecteurs fongiques.

Contacts : jessica.soyer@inrae.fr et isabelle.fudal@inrae.fr

 

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